*************************https://www.dissident-media.org/infonucleaire/biogra.belbeoch.html Bella et Roger Belbéoch, nés en 1928, sont physiciens, ingénieurs ESPCI. Roger Belbéoch a travaillé dans un laboratoire universitaire de recherche (Orsay, Paris-Sud) et s'est spécialisé dans les accélérateurs de particules et la physique des faisceaux de haute énergie. Bella Belbéoch, ingénieur-docteur, a travaillé au Centre d'Etudes Nucléaires de Saclay (CEA) et étudié par rayons X les propriétés structurales des solides tant en recherche appliquée que fondamentale. Utilisateurs d'installations productrices de rayonnement ils se sont intéressés aux effets biologiques des rayonnements ionisants qui, depuis plus de 25 ans, sont à l'origine de leur questionnement sur les dangers de l'énergie nucléaire. Auteurs de Tchernobyl, une catastrophe, (Éd. ALLIA, Paris 1993), de Sortir du nucléaire c'est possible, avant la catastrophe, (Éd. l'Esprit frappeur, Paris 1998), de Tchernoblues - De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude, (Éd. l'Esprit frappeur, Paris 2002), et de nombreux articles dont Société nucléaire (R. Belbéoch, Les Notions philosophiques, PUF, 1990) ils collaborent à la Gazette Nucléaire, revue éditée par le GSIEN, Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire. ********************http://www.dissident-media.org/infonucleaire/sortir_du_nuc.html Sortir du nucléaire c'est possible, avant la catastrophe (3ème édition) Bella et Roger Belbéoch Chez l'Esprit frappeur, 1998-2002 au prix de 3,05 Euros. Les désastres nucléaires ne sont pas réservés aux pays de l'Est sinon pourquoi distribuer de l'iode stable près des centrales nucléaires françaises ? On peut sortir du nucléaire sans attendre la catastrophe et ses conséquences dramatiques par l'arrêt des exportations d'électricité, l'utilisation maximum de l'hydraulique et de nos centrales électriques au fioul et charbon qu'EDF s'apprête à démanteler pour rendre le nucléaire irréversible. Mettre fin au danger nucléaire n'est pas un problème technique mais politique qui dépend de l'exigence de la population vis-à-vis de ses élus. Roger Belbéoch, physicien, a travaillé dans un laboratoire universitaire de recherche. Également physicienne, Bella Belbéoch a travaillé au Commissariat à l'énergie atomique. ***********************http://www.dissident-media.org/infonucleaire/tchernoblues2.html Tchernoblues De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude De Roger Belbéoch, chez l'Esprit frappeur éditeur, n° 105, prix 4,57 Euros LE MENSONGE politique n'a rien de nouveau, mais la perspective de catastrophes nucléaires lui a donné une autre dimension. Ce ne sont plus les politiciens qui sont les grands menteurs, d'ailleurs leurs mensonges n'avaient guère d'importance, on en avait l'habitude. Avec le nucléaire, les "citoyens" sont devenus beaucoup plus exigeants et ce sont désormais des experts en tous genres qui ont pris le relais et les assomment de mensonges : médecins, scientifiques, associations, syndicats, etc. Les mensonges des supporters du nucléaire ont dû s'affiner pour devenir plus crédibles au fur et à mesure des demandes de plus en plus poussées des citoyens. La gestion d'une catastrophe nucléaire exige le maintien de l'ordre, (c'est formellement indiqué en introduction des plans de gestion nucléaire). Cette exigence n'est pas seulement celle de tout politicien quelles que soient par ailleurs ses promesses électorales, elle est une nécessité afin de minimiser les effets biologiques de la catastrophe. En cas de désastre nucléaire, le "citoyen" est incapable de gérer son quotidien, il doit s'en remettre aux "experts". Même si ceux-ci n'ont pas d'éléments pour la "meilleure" gestion, c'est mieux que les possibles réactions violentes des "citoyens" car leur violence pourrait leur coûter cher, non pas en terme de répression policière mais en termes sanitaires. Actuellement, le mensonge nucléaire a quelque chose de paradoxal. Sa crédibilité a été hissée à un très haut niveau et pourtant, si les "citoyens" sont de plus en plus exigeants, ce n'est pas pour connaître la vérité mais afin que ces mensonges crédibles leur évitent des problèmes de conscience insolubles. Ceux-ci pourraient évidemment produire des "turbulences sociales" pré-accidentelles difficiles à gérer tant par les gestionnaires sociaux que par les citoyens. II y a donc une conjonction assez curieuse entre la nécessité pour les gestionnaires de mentir et la nécessité pour les "citoyens" que ces mensonges soient crédibles. De nombreux experts ont compris ce problème et interviennent auprès des diplodocus nucléaires pour confier les mensonges à des gens "compétents", mais cela n'est pas facile. Jusqu'à présent, les mensonges et la dictature des experts étaient acceptés "volontairement" par la mise en balance inconsciente des avantages (pas pour tout le monde) et des inconvénients. Maintenant, cette servitude vis-à-vis des experts est devenue une nécessité pour la meilleure survie des "catastrophés" quels qu'ils soient. On est passé de la servitude volontaire à une nécessité de la servitude. ********************http://www.librairie-quilombo.org/Bella-Belbeoch Tchernobyl, une catastrophe Auteur : Roger Belbéoch, Bella Belbéoch Éditeur : La Lenteur Thèmes : écologie, décroissance 2012 | 300 pages | Épuisé! Ce livre est incontestablement la meilleure étude historique sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et ses conséquences. Paru en 1993 aux éditions Allia, il était introuvable depuis de nombreuses années. Maintenant que la « marmite du diable » s’est remise à déborder à Fukushima, il nous a semblé que l’exposé détaillé du précédent, en quelque sorte canonique, de Tchernobyl, serait aussi des plus utiles pour ceux qui veulent comprendre ce qui se passe maintenant au Japon, puis s’efforcer de faire quelque chose de ce qu’ils auront compris. Pour les responsables français, l’essentiel était de minimiser l’impact de l’accident. Le territoire français devait à tout prix être protégé des retombées radioactives. Le communiqué de presse du 6 mai 1986 du ministère de l’Agriculture indique : « Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl. » Quand la distance ne fut plus suffisante, c’est un anticyclone providentiel qui protégea la France et bloqua le nuage radioactif aux frontières. Les communiqués quotidiens sur SCPRI (Service central de protection contre les rayonnements ionisants) sont intéressants à suivre : la situation est tout à fait normale et, au bout de quelques jours, redevient normale sans avoir traversé de phase anormale. Roger Belbéoch, physicien, a travaillé dans un laboratoire universitaire de recherche ; il est l’auteur de l’article « Société nucléaire » dans l’encyclopédie philosophique universelle des PUF. Bella Belbeoch est également physicienne. Elle a travaillé au Commissariat à l’énergie atomique. **************************http://ocparis.canalblog.com/archives/2016/10/11/34426319.html 11 octobre 2016 Bella Belbeoch nous a quitté Après Roger en dec 2011, Bella Belbeoch vient de nous quitter, sans doute les deux plus "grands savants" antinucléaires de France. Celles et ceux qui voudraient réellement rendre hommage à Bella n'ont qu'à reprendre enfin à leur compte, et sans "pincettes", les alertes et propositions qu'elle n'a cessé de lancer dans un quasi désert depuis 1986 — comme par exemple dans La diabolisation du charbon et la sortie du nucléaire (Bella Belbéoch, 1999) (http://www.fairea.fr/spip.php?article25) La diabolisation du charbon et la sortie du nucléaire (Bella Belbéoch, 1999) vendredi 26 avril 2013 L’article ci-dessous a été rédigé en mars 1999 par la physicienne Bella Belbéoch, co-fondatrice en 1986, après la catastrophe de Tchernobyl, du Comité Stop Nogent-sur-Seine. [ rajout de copie d'article pris sur :http://lesoufflecestmavie.unblog.fr/2012/05/14/la-diabolisation-du-charbon-et-la-sortie-du-nucleaire-bella-belbeoch/ "Cet article a été proposé à Libération le 8 mars 1999 comme contribution à la page « Débat ». Il a été refusé: » Nous avons bien reçu votre proposition de contribution à la page « Débat ». Limité par l’actualité et par l’espace dont nous disposons, nous ne pouvons cependant pas envisager la publication. Croyez que nous le regrettons. Sincèrement. Jacques Amalric » (Rédacteur en Chef, le 11 mars 1999). Ainsi, pour la Direction de Libération, les problèmes concernant l’énergie nucléaire et l’urgence de sa sortie ne sont pas des problèmes d’actualité" fin de l'aparté] Même si certains éléments seraient à réactualiser, il paraît important de le relire et d’en tirer les leçons maintenant qu’une diabolisation analogue touche toute éventualité de recours au gaz naturel en transition, et que GDF Suez annonce, dans l’indifférence générale, la fermeture pour insuffisance de rentabilité de trois centrales au gaz neuves (voir ici) dont la puissance permettrait pourtant déjà de remplacer immédiatement la production d’un réacteur comme ceux de Cattenom, Flamanville ou Nogent. NB : Les techniques de "charbon propre" évoquées ici se rapportent à la réduction des émissions polluantes toxiques. Elles n’ont rien à voir avec la captation du CO2, procédé dangereux et non éprouvé, auquel le discours dominant les résume tendancieusement aujourd’hui. Bella Belbéoch, La diabolisation du charbon et la sortie du nucléaire A propos de la mine de charbon de Gardanne La diabolisation du charbon et la sortie du nucléaire Gardanne est en lutte. A propos de la fermeture de la mine Libération titre " Gardanne monte au créneau pour descendre à la mine " (10/2/1999). Des grévistes d’un sous-traitant des Houillères font grève sur le tas au fond de la mine pour garder leur emploi (Libération 3/3/1999). Par contre, il y a peu, on apprenait qu’au Royaume-Uni les mesures draconiennes prises par Thatcher à l’encontre des mines de charbon allaient être assouplies. Au même moment le bilan de production électrique d’EDF 1998 nous apprend que 500 MWe du parc thermique classique ont été démantelés dont la centrale à charbon de Pont-sur-Sambre de 250 Mwe. On sait qu’EDF veut en démanteler d’autres afin de réduire la puissance de production électrique des centrales à fioul et charbon de plus de 40 % pour éponger sa surcapacité nucléaire actuelle et rendre inéluctable le recours au nucléaire vers 2010 lors du renouvellement du parc. Dans ce contexte il est étonnant que les articles sur Gardanne ne signalent pas ce qui fait l’originalité de ce site : c’est à Gardanne qu’a été mise au point, avec le charbon extrait de la mine, la chaudière LFC (à lit fluidisé circulant) de 250 MWe qui est un des meilleurs procédés "charbon propre" exploités dans le monde aujourd’hui pour produire de l’électricité. Ce procédé de combustion du charbon rend négligeable la pollution par les poussières, soufre et oxydes d’azote. Il est important de savoir que toute installation existante à charbon peut être modernisée rapidement car il suffit de remplacer la chaudière par une chaudière LFC en gardant le reste de l’installation. Il est important de savoir que ces chaudières peuvent brûler, en restant "propres" toutes les qualités de charbon (et même les produits visqueux provenant des résidus du raffinage du pétrole à haute teneur en soufre). Il est important de savoir qu’il est envisagé d’augmenter la puissance de ces chaudières. Signalons qu’à puissance thermique égale les centrales à charbon sont plus performantes que les centrales nucléaires. Il est important de savoir qu’EDF fait la promotion de ces chaudières LFC au plan international. Un exemple récent : cela figure explicitement dans l’accord franco-ukrainien sur la coopération énergétique du 15/2/1999 " (...) Favoriser les actions de coopération dans les domaines suivants : Production d’électricité par l’utilisation des technologies de combustion propre du charbon, notamment par la technique du lit fluidisé circulant (...) ". Mais ce qui est bon pour l’exportation n’est pas bon pour nous. Aucune installation nouvelle n’est prévue en France ni la modernisation des centrales existantes. Le charbon ce n’est pas une solution idéale. On ne peut pas ignorer les risques professionnels des mineurs de charbon. Mais les mineurs d’uranium meurent aussi beaucoup, notamment de cancer du poumon. Il est vrai que, depuis la fermeture des mines d’uranium du Limousin, notre soi-disant indépendance énergétique est acquise notamment grâce aux mineurs d’uranium africains et aux Indiens du Saskatchewan canadien. En somme, personne n’est au courant ( ! ) mais peut-être avons-nous récupéré des colonies ? Le charbon en brûlant émet du gaz carbonique, c’est vrai. Le gaz naturel aussi, mais moins. (Mais il n’y a pas pratiquement pas d’installations de production électrique au gaz en France et le réseau de distribution et les possibilités de stockage du gaz sont inexistants pour une production importante d’électricité). Il faut cependant souligner que l’effet de serre est un problème planétaire et que les gaz à effet de serre ne proviennent pas seulement de l’énergie consommée dans le monde car la contribution de l’agriculture et de l’élevage est tout aussi primordiale. Quant à l’électricité nucléaire mondiale qui représente environ 5 % seulement de l’énergie consommée dans le monde il est délirant de penser qu’elle pourrait être une solution à l’effet de serre. Les énergies renouvelables (vent, soleil) n’ont pas une efficacité suffisante pour produire l’électricité qui est consommée actuellement en France et pour remplacer le nucléaire. Une réduction drastique de la consommation est peu vraisemblable à court terme (et peut-être même à moyen terme). Le problème c’est, ici et maintenant, à notre échelle. Or on peut immédiatement arrêter environ 70 % du nucléaire en France, c’est techniquement possible avec l’hydraulique et les installations du thermique classique qui existent encore aujourd’hui mais il n’y a pas la volonté politique de le faire. Pourquoi laisser démanteler les centrales à fioul et charbon (et aussi d’ailleurs les petites installations hydrauliques) ? L’important est que le charbon ne fait pas courir un risque d’accident majeur comme le nucléaire. Pas de Tchernobyl français en vue avec le charbon. Tel n’est pas le cas avec nos réacteurs nucléaires car la sûreté absolue n’existe pas. Quand l’accident arrive c’est dramatique. Sauf bien sûr si l’on croit ce que racontent les officiels du lobby nucléaire dont font partie d’éminents professeurs : pour eux il ne s’est rien passé à Tchernobyl. Bien sûr il y a ces malheureux enfants en Biélorussie, Ukraine et Russie qu’il a fallu opérer d’un cancer de la thyroïde, mais distribuons des pastilles d’iode stable chez nous et on sera paré. Vous les croyez vraiment ? Selon eux les autorités soviétiques ont mal géré l’accident car elles ont été trop prévenantes, elles n’auraient pas dû évacuer tant de monde en urgence en 1986. Et plus tard dans la phase de gestion à long terme des années après la catastrophe, elles n’auraient pas dû procéder au relogement, hors des zones contaminées, de bon nombre de gens. Il aurait fallu laisser les habitants sur place (c’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour beaucoup). Depuis Tchernobyl les instances internationales et les experts officiels de la radioprotection nous ont concocté des plans magnifiques d’intervention, ou plutôt de non-intervention pour le long terme, en cas d’accident nucléaire majeur. On n’en est plus à chipoter entre une dose annuelle de 1 mSv ou de 5 mSv c’est à dire entre une dose-vie sur 70 ans de 70 mSv ou 350 mSv (Litige sur le seuil de radioactivité acceptable, Libération, 10 avril 1990). Le résultat des optimisations coût-bénéfice c’est qu’on ne déplacera pas les habitants de leur lieu de résidence si les calculs des experts montrent que la dose qui peut être accumulée sur la vie suite à la contamination radioactive ne dépasse pas 1 sievert (1000 mSv ou 100 rem). C’est ce que, sous la casquette d’expert de l’OMS, le Pr. Pellerin recommandait en 1989 en Biélorussie et en Ukraine pour s’opposer aux mesures préconisées par les scientifiques biélorusses et ukrainiens soucieux de mieux protéger la population. Il a gagné. Nos enfants et petits-enfants ont perdu, car l’accident futur, c’est pour qui ? Vous le savez, vous ? Bella Belbéoch, lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°83 février-avril 1999. *****************************https://reporterre.net/Adieu-a-Bella-Belbeoch-figure-de-l-opposition-au-nucleaire Adieu à Bella Belbéoch, figure de l’opposition au nucléaire 26 octobre 2016 / Jean-Claude Zerbib Bella Belbéoch était ingénieur spécialiste de l’impact des rayonnements ionisants sur le vivant. L’auteur de cette tribune rend hommage à cette grande résistante au nucléaire, morte le 24 septembre, auteure de nombreux ouvrages sur la question, en particulier sur Tchernobyl, dans lesquels elle mettait en lumière les zones d’ombre des discours officiels. Aujourd’hui à la retraite, Jean-Claude Zerbib était ingénieur en radioprotection au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Bella Belbéoch, née Goldsztein en 1928, ingénieur-docteur, a travaillé au Centre d’études nucléaires de Saclay (Commissariat à l’énergie atomique - CEA) où, après la faculté, elle a poursuivi des travaux de recherche, au moyen de rayons X, sur les propriétés des réseaux cristallins. Mais avant cela, quel chemin parcouru par cette jeune femme, née en France de parents immigrés nés en Pologne et qui avaient acquis la nationalité française en 1930. Le 20 août 1941, son père, ouvrier tailleur à Paris, est arrêté dans le 11e arrondissement lors de la première des rafles menées entre le 20 et le 24 août. Comme les 4.232 hommes appréhendés ce jour-là, il est enfermé à Drancy, plaque tournante de la déportation des Juifs, où les privations dégradent son état de santé. Il ne pèse plus que 36 kg quand il est libéré deux mois et demi plus tard pour raison médicale. Il rejoint ensuite clandestinement la zone Sud. La mère de Bella, qui échappe de peu à la rafle du Vel’ d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, parvient à franchir la ligne de démarcation avec son plus jeune fils. Bella avait quitté Paris début juillet 1942, quelques jours avant cette grande rafle où furent parqués près de 13.200 Juifs, enfants inclus. Elle passa la ligne de démarcation dans un train spécial d’écoliers. Les compartiments de sa voiture furent contrôlés par deux soldats allemands. L’un d’eux scruta son visage et sa carte d’écolière… avant de partir. Elle était sauvée et toute la famille s’est ainsi retrouvée, l’été 1942, dans un hameau de l’Indre, près de Saint-Benoît-du-Sault. « Un complot international des experts officiels pour minimiser l’évaluation des victimes » Elle sera très reconnaissante à tous ceux qui l’ont protégée, notamment lors des jours dangereux de la débâcle allemande, comme cette jeune professeure de mathématiques qui lui procura une fausse carte d’identité, cette directrice d’école qui lui fournissait des tickets d’alimentation ou les parents de cette amie qui la cachèrent. Des Justes parmi les nations. Lors de son doctorat en faculté, Bella Belbéoch réalisait ses recherches au moyen d’un vieux générateur à rayons X qui n’avait jamais connu le moindre contrôle. Le faisceau de rayonnement délivré par ce générateur se transformait en un arrosoir à rayons X sous le plan de travail. Irradiée au niveau du bassin, Bella avait connu une stérilité de plusieurs mois qui avait nourri ses inquiétudes devant les effets des rayonnements. Bella était toujours préoccupée des risques d’accident grave et les victimes de la catastrophe de Tchernobyl ne cesseront de l’angoisser. Ce qu’elle a écrit dans le journal Écologie, le 1er mai 1986, le jour même où « le nuage de Tchernobyl » survolait la France, a été pour moi, mais avec plusieurs années de recul, véritablement visionnaire : « Il faut s’attendre, dans les jours qui viennent, à un complot international des experts officiels pour minimiser l’évaluation des victimes que causera cette catastrophe. La poursuite des programmes civils et militaires impose à l’ensemble des États une complicité tacite qui dépasse les conflits idéologiques ou économiques. » [1] Bella voyait bien plus loin que moi et son écoute comme son intuition lui permettaient de distinguer l’essentiel dans la brume des informations contradictoires. Ce 1er mai 1986, la mission de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) à Tchernobyl brossait un tableau rassurant : « Le réacteur est à l’arrêt (sic)… Les entreprises, les fermes collectives et institutions d’État fonctionnent normalement… L’état de l’air au-dessus de la région de Kiev et de la ville de Kiev elle-même n’est pas préoccupant. » Le 28 août 1986, M. Rosen, le directeur de la sûreté nucléaire de l’AIEA, déclarait [2], lors d’une conférence à Vienne (du 25 au 29 août 1986) : « Même s’il y avait un accident de ce type tous les ans (sic), je considérerais le nucléaire comme une énergie intéressante. » Il y aurait bien d’autres citations aussi mensongères et cyniques que ces paroles de hauts responsables de la caste nucléaire internationale, et Bella en avait relevé plusieurs. « C’est avant l’accident qu’il faut agir » En juin 1986, j’avais écrit un texte distribué à Saclay dans lequel je soulignais le risque de cancer de la thyroïde des enfants suite aux rejets d’iodes. J’avais essuyé les sarcasmes des experts du CEA et de l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) en particulier. Bella avait fait partie de ceux qui partageaient cette crainte et c’est elle qui m’avait signalé la lettre du courageux médecin K. Baverstock qui, en septembre 1992, avait rendu publiques les données [3], accumulées par les médecins Belarus sur ces cancers thyroïdiens : de deux à trois cancers annuels en Belarus, le nombre était passé à 55 en 1991. Et ce n’était que le début de l’épidémie. Les préoccupations de Bella Belbéoch portaient sur les cuves et générateurs de vapeur (GV) des réacteurs français. Elle analysait depuis plus de 30 ans leurs anomalies et adressait aux autorités ses analyses détaillées. En 2004, Bella et Roger Belbéoch, son époux, décédé fin 2011, ont quitté le Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN), car ils doutaient de l’utilité qu’il y avait à débattre avec les instances du nucléaire. Ils ont cependant poursuivi leurs combats critiques pour l’arrêt du nucléaire, et tous leurs écrits restent des références. Les dernières malfaçons camouflées par des rapports de contrôle falsifiés ont accru les inquiétudes de Bella et ses visions de catastrophes à venir. Elle partageait pleinement les inquiétudes de Roger : « Sortir du nucléaire, c’est possible, avant la catastrophe. C’est avant l’accident qu’il faut agir. Après, il n’y a plus qu’à subir. » [1] Cité par Wladimir Tchertkoff dans Le Crime de Tchernobyl, le goulag nucléaire, (page 24/720), Actes Sud, avril 2006. [2] Le Monde, du 28 août 1986. [3] « Thyroid cancer after Chernobyl », Nature, vol. 359, pages (21-22), 3 septembre 1992. ***************copie sur***********https://savoie-antinucleaire.fr/contact/ **********************http://echoechanges-echoechanges.blogspot.fr/2016/10/hommage-bella-belbeoch-relire-son.html Oct 4 Hommage à Bella Belbeoch : relire son dossier: LA GESTION POST-ACCIDENTELLE D’UNE URGENCE RADIOLOGIQUE SUR UNE DE NOS INSTALLATIONS : QUELQUES REMARQUES SUR TCHERNOBYL ET LE « RETOUR D’EXPÉRIENCE » 1986-1991 LA GESTION POST-ACCIDENTELLE D’UNE URGENCE RADIOLOGIQUE SUR UNE DE NOS INSTALLATIONS : QUELQUES REMARQUES SUR TCHERNOBYL ET LE « RETOUR D’EXPÉRIENCE » 1986-1991. Bella Belbeoch du Comité Stop-Nogent La possibilité d’un accident nucléaire grave en France dont près de 80% de l’électricité est produite par 58 réacteurs à eau pressurisée (PWR) n’est pas une lubie des antinucléaires, les officiels l’admettent depuis longtemps même si ce n’est guère répercuté par les médias. Des scénarios de gestion existent depuis quelques années pour la phase d’urgence (confinement, prise d’iode stable, évacuation) avec constitution de stocks d’iode stable et exercices de crise dans les localités proches des réacteurs. Ce qui est nouveau c’est la mise en œuvre de l’élaboration concrète, pour des territoires dont le sol serait durablement contaminé après la fin des rejets radioactifs, d’une stratégie de gestion post-accidentelle y compris à long terme. Il est nouveau d’envisager en France que si la contamination d’une zone est importante elle peut nécessiter le relogement temporaire, voire définitif, des habitants. On a désormais des informations sur l’avancement de ce programme de gestion post-accidentelle, dit CODIRPA, et l’esquisse de la doctrine qui le sous-tend. Le « long terme » c’est ce que vivent depuis 1990 les habitants des zones les plus contaminées de Biélorussie, Russie et Ukraine. Pour ceux qui veulent tirer les leçons de la gestion soviétique, les premières années après l’explosion du réacteur sont déterminantes en ce qui concerne le long terme. Or une réécriture de l’histoire est faite par les consultants de l’Autorité de Sûreté Nucléaire chargés du « retour d’expérience » de cette gestion post-accidentelle pour la période 1986-1991. Il me paraît nécessaire de souligner des erreurs et omissions importantes pour la compréhension des événements de cette période extrêmement complexe. CODIRPA (Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’une situation d’urgence radiologique) Un « Séminaire international post-accidentel nucléaire » a été organisé à Paris par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) les 6 et 7 décembre 2007 sur les actions à entreprendre pour assurer la gestion des conséquences d’un éventuel accident nucléaire. Assez bizarrement on n’en a eu connaissance que deux mois et demi plus tard par l’article d’Hervé Morin du journal Le Monde daté du 21.02.2008 ayant pour titre « La France se prépare aux conséquences d’un accident de type Tchernobyl sur son sol ». Jean-Luc Lachaume, directeur général adjoint de l’ASN précise qu’après la phase d’urgence « le post-accidentel c’est explorer ce qui se passe ensuite : comment revenir à une situation vivable, si tant est qu’elle le soit dans des zones touchées » D’après le site Internet de l’Autorité de Sûreté Nucléaire www.asn.fr ce programme de gestion post-accidentelle a débuté en 2005. Les deux scénarios d’accident retenus pour l’instant ont une durée des rejets hors de l’enceinte de confinement de 1 heure et 24 heures. Ils sont donc de gravité très modeste comparée à Tchernobyl [1]. Pas moins de 9 groupes de travail (GT) ont été constitués et les différents sujets traités [2], y compris celui des indemnisations, montrent que les problèmes à résoudre et leur complexité sont énormes. Participent à ces GT non seulement des représentants d’organismes officiels mais aussi des « parties prenantes », membres de Commissions Locales d’Information (CLI) et du milieu associatif. Des rapports d’étape détaillés ont été publiés fin 2007 par 6 GT, consultables désormais sur le site de l’ASN. Le groupe de travail GT7 piloté par la Direction Générale de la Sûreté Nucléaire de l’ASN est chargé de l’« Organisation des pouvoirs publics en situation post événementiel (suite à un accident nucléaire ou à un attentat radiologique) et implication des parties prenantes » - Principes d’une organisation modulaire. Il a présenté une synthèse qui indique que le groupe « n’a toutefois pas pu se restreindre aux deux scénarios moyens étudiés en première approche, la démarche d’étude d’une organisation des pouvoirs publics en situation post événementielle devra donc être modulaire et pourra ainsi être graduée en fonction de l’importance et de la gravité de l’événement. Il s’agit donc de mettre en place une boîte à outils avec différentes options possibles suivant l’importance de l’événement ». Par ailleurs un « Guide d’aide à la décision pour la gestion du milieu agricole en cas d’accident nucléaire » figure sur le site du ministère de l’agriculture http://agriculture.gouv.fr. Ce guide sera évolutif en fonction des travaux sur le sujet. Les enseignements de Tchernobyl et le « retour d’expérience » de la démarche PAREX [Post-Accidentel Retour d’EXpérience]. C’est en 2005 que « l’ASN a lancé une étude sur le retour d’expérience de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl. Cette étude a été confiée à la société Mutadis Consultants qui a organisé les séminaires PAREX. Les objectifs de cette démarche, outre l’étude du retour d’expérience de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl étaient : d’évaluer la pertinence de ce retour d’expérience dans le contexte social, économique et politique de la France et de l’Union européenne ; d’en dégager des enseignements dans la perspective d’un dispositif préventif de gestion post-accidentel au plan français (territorial et national) ». Le rapport de synthèse du 19 mars 2007 est intitulé « Retour d’expérience de la gestion post-accidentelle dans le contexte biélorusse » et en dessous, en milieu de page, « PAREX ». Il comporte 5 auteurs dont G. Hériard-Dubreuil (Mutadis), J.Lochard (CEPN), H. Ollagnon (INAP-G)* tous trois initiateurs du programme européen CORE (coopération pour la réhabilitation des conditions de vie dans les territoires biélorusses contaminés par Tchernobyl). Au bas de la première et de la dernière page figure : « Toute reproduction ou diffusion même partielle, par quelque procédé ou sur tout support que ce soit, ne pourra être faite sans l’accord préalable écrit de l’Autorité de Sûreté Nucléaire ». PARex n’est pas synonyme de transPARence ! Pour analyser le « retour d’expérience » le rapport PAREX comporte bien évidemment différentes périodes chronologiques dont la période 1986-1991. C’est en effet un découpage logique puisque cette période comprend la phase d’urgence, celle de transition du moyen terme et le début de la phase post-accidentelle du long terme. Elle correspond à la gestion soviétique de l’accident jusqu’aux lois de 1991 de protection sociale des citoyens ayant souffert de la catastrophe de Tchernobyl, promulguées d’abord en Biélorussie et Ukraine, puis en URSS et Fédération de Russie. (Ensuite l’URSS a implosé avec émergence des Républiques indépendantes). PAREX étudie le cas de la Biélorussie, le pays le plus touché par les retombées de Tchernobyl. Les premières années après l’accident majeur sont d’une importance capitale et tous les pays nucléarisés étudient de près la gestion soviétique, ses succès et ses échecs afin d’en tirer les enseignements. Avant d’entrer dans le vif du sujet il convient au préalable d’évoquer l’évolution de la situation en Biélorussie pendant les 4 ans qui ont suivi l’explosion du réacteur. 1 - Résumé très succinct d’une situation complexe 1986-1989. (A partir d’informations fournies par des contacts personnels et de documents de bibliothèques parisiennes utilisés pour mes dossiers de la Gazette Nucléaire [3][4][5]) et le livre « Tchernobyl une catastrophe. Quelques éléments pour un bilan » [6]). - Les évacuations en 1986. Durant l’année 1986 auraient été évacués en tout 24 700 Biélorusses de 107 localités de la région administrative de Gomel. Ce nombre comprend les habitants des districts les plus proches de Tchernobyl, évacués en premier lors de la phase d’urgence (afin d’éviter les effets déterministes des radiations dont la gravité augmente avec la dose). Au 5 mai on décomptait 11 400 habitants ayant été évacués de 50 localités de la zone des 30 km. Les femmes enceintes et les enfants de moins de 14 ans auraient été évacués préventivement début mai et envoyés dans des sanatoriums. Puis, au fur et à mesure des évaluations radiologiques, des habitants ont été évacués plus tardivement, 6000 habitants de 28 villages en juin et 7300 de 29 localités au mois d’août. (Pour les détails et quelques incohérences dans les sources d’information voir [3]). En décembre 1986, après la construction du sarcophage, 1600 habitants sont retournés chez eux dans 12 villages du district de Braguine. Remarque : pas une seule localité de la région de Moguilev n’a été évacuée en 1986. - Des normes de contamination de nourriture. Elles ont été édictées en mai 1986. Fait peu connu c’est en Biélorussie que le lait a été le plus contaminé en iode 131, atteignant 3 millions de becquerels par litre (Bq/l) dans la partie nord-ouest et 700 000 Bq/l dans le sud-est [7]. Quasiment pas d’iode stable distribué à la population dans la phase d’urgence. - Une limite de dose annuelle a été établie à la fin mai. (A cette époque les doses étaient exprimées en rem. J’indiquerai leur correspondance en sievert Sv, l’unité utilisée actuellement et ses sous-multiples. 1 rem=0,01 Sv soit 10 millisievert -mSv). La dose annuelle pour 1986 a été fixée à 10 rem pour l’année 1986 (5 rem en dose externe et 5 rem par contamination interne) [100 mSv (50 par irradiation externe et 50 par contamination interne)]. - Des normes de contamination surfacique. Elles ont été édictées fin mai 1986 après la stabilisation des rejets pour le césium 137, le strontium 90 et le plutonium 239 et 240 mais ont été relevées en juillet de 7 à 15 curies au km2 pour Cs137 (15 Ci/km2 soit en becquerels 555 000 Bq/m2). Pour Sr90, 3 Ci/km2 (111 000 Bq/m2) et 0,1 Ci/km2 pour Pu239 et 240 (3 700 Bq/m2). La Biélorussie s’avèrera être le pays le plus contaminé en particules chaudes (dont celles renfermant du plutonium) et avec des taches de contamination en Sr90 bien au delà de la zone évacuée, éparpillées le long des rivières Ipout, Soj, Beced vers la frontière avec la Fédération de Russie [5] [6]. - Le « zonage » et les contrôles radiologiques. A partir de juillet 1986, les zones contaminées (hors zones évacuées) sont classées selon leur contamination surfacique en Cs137 et doivent respecter la limite de dose annuelle (son dépassement entraînera les évacuations tardives de 1986). - Les années 1987, 1988, 1989 représentent une phase de transition d’une gestion à « moyen terme » vers une gestion à long terme avec une limite de dose annuelle de 30, 25, 25 mSv respectivement en 1987,1988, 1989. 2 - Zones sous contrôle radiologique. Situation au 1er janvier 1989 (hors zones évacuées). On distingue deux bandes de contamination, l’une orientée est-ouest proche de la frontière ukrainienne, l’autre orientée nord-sud proche de la Russie. 1) les zones dites sous contrôle permanent, strict, concernent 103 000 personnes dans 415 localités. La densité de contamination surfacique en césium 137 est supérieure à 15 Ci/km2 (555 000 Bq/m2). Elles comportent des enclaves où la contamination dépasse 40 Ci/km2 (1 448 000 Bq/m2). De telles enclaves existent à plus de 200 km de Tchernobyl dans la région de Moguilev. 2) les zones sous contrôle périodique où vivent 206 600 habitants de 637 localités, de 5 à 15 Ci/km2. Des détails concernant la vie dans les zones sous contrôle (compensations financières, apport de nourriture « propre », tracteurs à cabines étanches etc. ont été donnés en 1989 dans la Gazette Nucléaire [3]. lire la suite sur: http://grappebelgique.be/spip.php?article780 PAREX et la gestion post-accidentelle du long terme C’est à l’automne 1988 que les autorités de radioprotection soviétique élaborent leur conception pour gérer le long terme, normaliser la situation, avec l’objectif d’aboutir à une loi au 1er janvier 1990. Si les autorités veulent établir une doctrine en France il paraît clair qu’il leur faut analyser celle élaborée par les autorités de radioprotection soviétiques. L’histoire de cette période revisitée par MM. Hériard-Dubreuil, Lochard, Ollagnon, est erronée. La chronologie 1986-1991 comporte une erreur grossière et fondamentale concernant le concept de dose-vie introduit par les autorités de radioprotection soviétique comme condition d’une « résidence sans danger » en un lieu : le concept de « 35 rem en 70 ans » [350 mSv en 70 ans]. On trouvait déjà cette erreur sous la signature de Gilles Hériard-Dubreuil et Henry Ollagnon dans le recueil « Les silences de Tchernobyl » [8] que je cite ci-dessous : Une première proposition connue sous le nom de « conception des 35 rems » est élaborée par les experts soviétiques en novembre 1988. Cette conception est focalisée sur les expositions en phase B [post-accidentelle] et ne tient pas compte des expositions reçues par la population en phase accidentelle » [souligné par moi]. Ceci est faux. J’affirme que les 35 rem en 70 ans incluaient les doses reçues en 1986, 1987 et 1988. Ce point est fondamental car inclure les doses passées augmentait le nombre de personnes à reloger définitivement hors des zones contaminées. Durant l’année 1989 j’ai consulté les articles sur Tchernobyl du journal biélorusse Sovietskaya Bieloroussia, le très officiel organe du comité central du parti communiste de Biélorussie, en particulier ceux relatant les séances du Soviet Suprême de Biélorussie traitant du « zonage » en fonction de la contamination surfacique en césium 137, des contre-mesures pour diminuer l’impact des radiations (« liquider » les conséquences de Tchernobyl), des programmes tardifs de relogement d’habitants de zones contaminés élaborés en 1989 à distinguer des évacuations de 1986 [3] [4] [5]. L’organe du Parti Communiste de Biélorussie du mardi 14/03/1989 a rendu compte du Conseil des ministres qui s’est tenu à Minsk en présence du responsable de la radioprotection soviétique l’académicien Léonide Iline (cité avec tous ses titres, Héros du travail etc.) et du président du comité de l’hydrométéorologie de l’URSS, Youri Izrael. - Au sujet de « la résidence sans danger » et du concept « 35 rem en 70 ans » [350 millisievert -350 mSv- en 70 ans] il est dit : « Cette conception est assez simple et est basée sur un seul critère : la dose maximale d’irradiation qu’une personne peut recevoir est de 35 rem durant toute sa vie, c’est-à-dire en 70 ans à partir du premier jour après la catastrophe [souligné par moi]. Cette conception prévoit le retour à la vie normale, la disparition de toute forme de restrictions pour vivre dans les régions sinistrées et l’utilisation des aliments produits localement. Pour y parvenir il faut prendre des mesures tout à fait concrètes, comme le disent les spécialistes des "Mesures agro-techniques de décontamination industrielle". Là où d’après les calculs on ne peut espérer atteindre cet objectif il faudra déplacer la population vers d’autres régions non dangereuses ». Selon Y. Izrael la dose de 35 rem ne devrait pas être dépassée là où la contamination du sol est de 15 Ci/km2 [555 000 Bq/m2]. Cependant le transfert de la radioactivité du sol vers les plantes, le niveau de contamination du lait, dépendent des conditions locales, c’est pourquoi il est nécessaire de faire des calculs de dose pour chaque lieu. Manifestement MM. Hériard-Dubreuil, Ollagnon et Lochard coauteurs de PAREX n’ont pas suivi de près cette période. La visite des experts étrangers requis par Moscou pour évaluer le concept des 35 rem est datée d’août 1989 comme dans les « Silences de Tchernobyl ». Il était indiqué en plus qu’il s’agissait de 4 experts avec pour référence l’article de S. Belyaev dans le premier tome du Rapport 225 du CEPN [9]. Désolée, mais Spartak Belyaev, qui sera l’auteur du « Nouveau Concept » de 1991, a écrit une ânerie. Il y a eu 3 experts étrangers de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) MM. Pellerin, Beninson et Waight et ils ne sont pas passés inaperçus en Ukraine et Biélorussie. Pellerin a donné une interview au journal Kiev-Soir le 19 juin 1989 reproduite dans Sovietskaya Bieloroussia le 1er juillet 1989. Les experts de l’OMS ont assisté à une séance spéciale de l’académie des sciences de Biélorussie à Minsk qui a duré 10 heures et a été rapportée par Sovietskaya Bieloroussia du 11 juillet 1989 sous le titre « Diagnostic pour le futur ». (Etaient présents également à nouveau l’académicien Iline, mais aussi les Pr. Ramzaev et Komarov respectivement directeur de l’institut d’hygiène radiologique du ministère de la santé de Russie et d’URSS, la doctoresse Gouskova etc.). Les experts OMS ont non seulement avalisé les 35 rem en 70 ans mais de plus ont dit que si on leur avait demandé leur avis ils auraient recommandé une dose 2 à 3 fois plus élevée [3 fois 35 rem soit 3 fois 350 mSv, supérieure à 1 sievert !] - Le désaccord des scientifiques biélorusses au sujet de la limite de dose annuelle. Pour justifier ce concept Iline indique qu’il ne conduira qu’à une augmentation des cancers de 0,5 à 1,5% qui sera indétectable et surtout utilise comme argument que ces 35 rem correspondent à une dose annuelle de 0,5 rem (5 mSv) conforme aux normes internationales. G. Hériard-Dubreuil et al redisent dans PAREX ce qui figure dans « Les Silences de Tchernobyl » : « Se basant sur les normes internationales d’exposition radiologique pour le public alors en vigueur (...) ». Mais c’est justement ce point qui est à l’origine des dissensions entre les experts soviétiques et les scientifiques ukrainiens et biélorusses ! Les Biélorusses réclamaient l’application d’une limite annuelle 5 fois plus basse, de 0,1 rem (1 mSv) d’où une dose-vie de 7 rem (70 mSv). C’est ce qu’ils ont dit, le président de l’académie des sciences Platonov, le directeur de l’institut de radiologie de l’académie des sciences de Biélorussie E. V. Konoplya, le cytogénéticien N.A. Kartel et bien d’autres lors de cette séance rapportée par l’organe du PC biélorusse à laquelle assistaient les experts de l’OMS. Et ils avaient raison ces scientifiques jugés incompétents par les experts OMS. En effet, c’est à la conférence de Paris en 1985 que la Commission Internationale de Protection Radiologique CIPR a publié une Déclaration (« Statement ») introduisant 1 mSv/an comme limite principale pour les membres du public. Aucune publicité n’a été faite à Paris sur ce point et c’est à Londres en novembre 1986 à une conférence conjointe Friends of the Earth/National Radiological Protection Board (Amis de la terre et Office National de Radioprotection) « The biological effects of low-level exposure to ionizing radiation » que nous en avons pris connaissance [10]. Cette limite annuelle de 1 mSv sera officialisée bien plus tard en 1991 dans la CIPR 60. Le rapport 225 du CEPN fait complètement l’impasse sur cette controverse entre scientifiques biélorusses au plus haut niveau de l’académie des sciences et experts de la radioprotection soviétique puisqu’il se borne à des textes officiels. Aucun des arguments des contestataires n’est donc exposé. Ce sont des arguments sanitaires visant à mieux protéger la population et surtout la santé des enfants car il n’y a pas que les cancers mais une augmentation de la morbidité, des maladies liées aux dysfonctionnements de tous les systèmes de régulation [11]. Sont-ils connus des participants aux groupes de travail du comité CODIRPA alors que le rapport CEPN 225 est cité, par exemple, par le groupe de travail GT1 ? - Une omission importante. Ce rapport fait évidemment l’impasse sur la démarche faite sous la houlette de Iline pour clore la controverse, une lettre adressée à Gorbatchev (14 septembre 1989) signée par 92 spécialistes d’URSS en radioprotection. Entre autres arguments ils critiquent les scientifiques biélorusses et ukrainiens car la dose-vie de 7 rem demandée par les Biélorusses ou de 10 rem par les ukrainiens était déjà atteinte pour nombre d’habitants des zones contaminées ou le serait dans un avenir proche y compris dans des villes. La lettre indiquait qu’il faudrait reloger des centaines de milliers d’habitants -voire près d’1 million. Si l’on consulte le tableau des zones contaminées dans les trois républiques, Biélorussie, Ukraine et Russie [5] cela reviendrait à déplacer tous les habitants des zones sous contrôle radiologique au-dessus de 5 Ci/km2 (185 000 Bq/m2) environ 800 000 habitants (plus de 350 000 pour la Biélorussie, le pays le plus touché). 1- C’est bien la preuve que le concept de dose-vie des 35 rem (350 mSv) incluait les doses passées ! Et c’est d’ailleurs écrit en clair dans cette lettre à Gorbatchev « il faut tenir compte que la dose de 35 rem comprend aussi une partie de la dose reçue au cours des 3 premières années et dans quelques agglomérations cette dose est à peu près la moitié de la dose totale recommandée au cours de la vie. Tandis que dans un certain nombre de villages (par exemple Yacène district de Chevtchenk-Poliyesk -région de Kiev, Tchoudiane et Malinovka -dans la région de Moguilev qu’il aurait fallu décider d’évacuer depuis longtemps) la dose-vie de 35 rem peut être atteinte dans un avenir proche » [souligné par moi]. 2- C’est donc aussi la preuve que des villages des zones lointaines qui auraient dû être évacués ne l’ont pas été ! Mais même sans cette lettre MM. Hériard-Dubreuil, Ollagnon et Lochard (directeur du CEPN) auraient dû savoir que les 350 mSv incluaient les doses passées car c’est indiqué noir sur blanc dans l’article d’un collaborateur du Pr Iline, G. M. Avetisov dans ce même rapport CEPN 225 aux pages 122 et 135 ! Pourtant, si au lieu de Belyaev les auteurs de PAREX avaient consulté Savkine, toujours dans ce rapport 225) [12] ils auraient vu qu’en juillet-août 1986 les villages contaminés faisant partie des zones à contrôle strict, avaient été classés en 3 groupes sur la base du respect de la norme de 10 rem (=100 mSv=0,1 Sv) édictée pour l’année 1986 comme norme d’intervention c’est-à-dire d’évacuation. Or si des villages proches de la zone des 30 km ont bien été évacués fin août et même en septembre parce qu’ils allaient atteindre 0,1 Sv, les localités situées loin de Tchernobyl dans la région de Moguilev n’ont pas été évacuées et pourtant elles allaient atteindre 0,1 Sv même en introduisant des restrictions sur la consommation des aliments. Leur évacuation n’a pas été planifiée en 1986... De plus Savkine indique qu’au moment des discussions en 1988 sur les 350 mSv en 70 ans le problème des localités éloignées de Tchernobyl s’est à nouveau posé, la liste établie en 1988 pour le relogement coïncide avec celle des localités à évacuer de 1986 et il ajoute : « Il est probable que le maintien sur place des femmes enceintes et des enfants dans des endroits contaminés au-dessus de 1,5 MBq/m2 [au-dessus de 1,5 mégabecquerels/m2 soit plus de 40 Curies/km2] a été une erreur et a influé sur l’accroissement de l’anxiété sociale »[souligné par moi]. A propos d’anxiété sociale il y a eu en septembre 1989 des manifestations à Minsk, fait incongru en URSS. Il y a tout lieu de penser que ce sont ces habitants qui ont fourni le gros des manifestants car, d’après les photos parues dans la presse leurs pancartes indiquaient des contaminations surfaciques très élevées en Cs137 et Sr90. C’est d’autant plus vraisemblable que la Pravda a publié le 20 mars 1989 la carte des débits de dose relevés au 10 mai 1986 en indiquant dans le texte d’accompagnement la norme qui aurait régi des évacuations de 1986 effectuées après cette date : un débit de dose dépassant 5 milliroentgen par heure (5 mR/h, environ 300 à 500 fois le rayonnement naturel). La carte montre des isolignes 5 mR/h, 10 et 15 mR/h. Or des isolignes 15 mR/h enserrant des zones où les débits de dose étaient supérieurs à 15 mR/h figurent pour les zones lointaines de Biélorussie au-delà de Gomel et dans la région de Moguilev (et aussi en Russie). Toutes ces localités auraient dû être évacuées en 1986 et ne l’ont pas été. Ne pas soulever cette « probable erreur » de gestion des autorités soviétiques au cours de la phase accidentelle qui indique qu’il aurait fallu évacuer davantage d’habitants en 1986, peut avoir des conséquences graves pour les contaminés d’un accident futur. A moins de considérer que des débits de dose supérieurs à plus de 1000 fois le rayonnement naturel sont inoffensifs pour la santé ? (Ils devaient être beaucoup plus élevés début mai). 3- D’autres oublis... Remarquons qu’il n’y a pas que des zones lointaines qui ont été « oubliées » en 1986. Il y a eu d’autres « oublis ». Le Pr. Vassili Nesterenko, directeur de l’institut de physique nucléaire a réclamé dès les premiers jours de la catastrophe une prophylaxie générale de la population par distribution d’iode stable. Cela a été refusé et les autorités l’ont accusé de vouloir semer la panique. Ayant organisé avec son Institut les équipes de collecte d’informations concernant la situation radiologique (les débits de dose, les concentrations surfaciques en radionucléides, les concentrations dans l’air, dans les aliments) il a demandé l’extension de la zone d’évacuation ce qui aurait inclus des villages des districts de Khoïniki, Narovlia, Braguine, bordant la zone déjà évacuée. Cela a été refusé. Il a finalement été destitué de son poste de directeur [13]. [Par la suite il a créé l’institut indépendant BELRAD avec des centres locaux de contrôle radiologique (mesure de contamination des aliments, information et conseils aux villageois) pour assurer au mieux la radioprotection de la population, surtout celle des enfants car la contamination interne est due à l’alimentation -lait, baies sauvages, champignons etc. Dans les villages, grâce à l’équipement mobile de BELRAD la charge corporelle des enfants en Cs137 est mesurée par spectrométrie gamma. V. Nesterenko distribue une préparation à base de pectine de pomme qui, par ingestion, fait baisser la charge corporelle en éliminant partiellement Cs137 par les voies naturelles. L’implantation du programme CORE au Belarus a évincé V. Nesterenko de la majorité des centres locaux qu’il avait créés [13]. BELRAD est actuellement en butte aux tracasseries des autorités et a lancé un appel à l’aide pour sa survie [14]. - Les relogements, l’anxiété sociale et « les turbulences sociales ». En cas d’accident nucléaire, si l’on désire ne pas causer d’anxiété et de troubles dans la population quelques « conseils » ont été donnés par un responsable de l’énergie nucléaire du Royaume-Uni ayant eu à gérer celui de Windscale en 1957. Là, c’était sans commune mesure avec Tchernobyl, il ne s’agissait pas de déplacer des populations mais d’interdire seulement la vente de lait contaminé en iode 131. D’abord le lait a été interdit sur une petite zone mais il a fallu l’agrandir ensuite et cela a causé des remous dans la population qui a perdu confiance dans les spécialistes. Le responsable britannique concluait qu’il fallait définir dès le début une zone interdite la plus grande possible [15]. Ce qui n’a pas été le cas après Tchernobyl. Je trouve inquiétant de voir que ce Rapport 225 du CEPN semble désormais être la référence des groupes de travail GT de CODIRPA pour analyser la gestion soviétique. Dans le Document de travail du GT1 du 15/11/2007 la dose-vie des 350 mSv est considérée comme « ayant fait l’objet de vives controverses notamment à cause du caractère obligatoire du relogement ». C’est oublier ceux qui, au contraire, ont manifesté précisément pour être relogés hors des zones contaminées dans un pays où les manifestations étaient réprimées. La situation n’était certainement pas vécue de la même façon par les couples ayant des jeunes enfants ou par les personnes âgées. C’est oublier l’accroissement de la morbidité décrite par les scientifiques biélorusses en particulier chez les enfants. Nous avons eu des témoignages directs tant pour l’Ukraine (à Maline par exemple) [5] que pour la Biélorussie comme à Vietka [16]. Incidemment dans ce même document de travail du GT1 il est affirmé que les 350 mSv ne tenaient pas compte de la réduction d’exposition que pourrait entraîner la mise en œuvre d’actions de réhabilitation de l’environnement. Ce n’est pas ce que disent les articles de la presse officielle biélorusse où il est fait état (comme dans l’article cité précédemment) que ce sont les localités où la décontamination ne permet pas d’abaisser la dose-vie à 35 rem qui peuvent conduire à l’éloignement définitif. Quant à Evtoukh, le Président de la commission du comité central du parti communiste de Biélorussie chargée de la « liquidation » des conséquences de Tchernobyl il souligne que la décontamination industrielle n’a pas donné les résultats escomptés. « La baisse réelle de contamination par les radionucléides est 2 fois plus faible que celle calculée par les centres scientifiques chargés d’établir les normes ». Tous ces problèmes liés à la décontamination des terres par l’emploi de zéolites, des engrais potassiques, du chaulage etc. et la décontamination des lieux habités qui ont été utilisés en Biélorussie (et ailleurs) sont plus difficiles à résoudre qu’il n’y paraît au départ. Le programme biélorusse de relogement d’octobre 1989 [4]. Les programmes du Soviet suprême de Biélorussie de relogement 1990-1995 élaborés en juillet 1989 et finalisés en octobre 1989 sur la base des 35 rem (350 mSv) en 70 ans concernaient plus de 118 000 personnes. Il s’agissait en priorité de déplacer en 1990-1991 les habitants des zones contaminées à plus de 40 Ci/km2 en Cs137 qui pouvaient atteindre 50 rem (500 mSv) et des villages où l’agriculture collective ne pouvait plus être pratiquée ; en 1991-1992 des localités voisines où la vie économique ne pouvait plus être assurée du fait des déplacements précédents soit en tout plus de 21 700 personnes puis en 1992-1995 les 96 500 habitants des zones contaminées à plus de 15 Ci/km2. Evidemment il n’a plus jamais été question d’une dose-vie de 70 mSv. Les scientifiques biélorusses se sont trouvés en porte à faux et vis-à-vis de Moscou et vis-à-vis des dirigeants biélorusses obéissant à Moscou. Dans le cas de la Biélorussie on a des renseignements sur la situation des districts de la région de Gomel en 1988 où la contamination surfacique en Cs137 était comprise entre 5 et 15 Ci/km2 et où vivaient 107 000 personnes. C’est une région d’élevage, productrice de lait et de viande avec près de 60% du lait hors normes (70% pour la production privée) et où la moitié du cheptel aurait péri [3]. D’après le secrétaire du PC Kamaï « une mauvaise organisation de l’approvisionnement en aliments propres pour le bétail, un mauvais contrôle de la radioactivité ont conduit à la perte de 48 000 vaches alors que 40 000 vaches sont entretenues en pure perte puisqu’on ne peut pas consommer le lait ». Et les paysans qui ont leur vache ils ne consomment pas le lait, ni les légumes de leur lopin privé ? G. Hériard-Dubreuil et ses collègues, en choisissant Belyaev comme informateur privilégié accréditent l’idée que ce que demandaient les scientifiques biélorusses n’était pas fondé. Evidemment tout dépend de ce que l’on considère comme prioritaire. Est-ce la santé ou est-ce l’économique ? (M. Jacques Lochard, Directeur du CEPN a été un spécialiste des optimisations coût/bénéfice). Le nombre d’habitants à reloger et pas dans des conditions minables (comme les faux villages Potemkine sous Catherine II), c’est le nœud du problème. La Biélorussie ne pouvait rien faire sans le financement de l’URSS ou l’aide internationale. La loi voulue par Iline sera refusée par le Soviet Suprême d’URSS qui vote en avril 1990 le financement du programme biélorusse de relogement 1990-1992 des habitants des zones contaminées à plus de 40 Ci/km2 (1,48 millions de Bq au m2), ceux qui auraient dû être évacués en 1986... Mais l’URSS n’existera plus à l’été 1991. La République indépendante devra assumer le financement. Du 1er au 5 octobre 1990 s’est tenu un séminaire international à Luxembourg organisé par la Commission des Communautés Européennes sur « L’évaluation et la comparaison des impacts environnementaux de trois accidents nucléaires majeurs Kychtym, Windscale et Tchernobyl ». C’était vraiment international avec des scientifiques des Etats-Unis, du Royaume-Uni, une quarantaine de Soviétiques (5 Biélorusses), des Français (dont des agents EDF, CEA, des ministères etc.). Juste avant sa communication décrivant en détail l’augmentation de la morbidité en Biélorussie E. Konoplya (directeur de l’institut de radiologie de Minsk) a lancé un Appel solennel pour qu’il y ait une aide internationale à la Biélorussie avec participation de la Communauté européenne. En fait d’aide internationale Gorbatchev a demandé en octobre 1989 l’expertise AIEA et la réponse a été le Projet International Tchernobyl avec sa conclusion en mai 1991 que tout allait bien, les habitants des zones contaminées ne sont pas plus malades que ceux des zones « propres ». Parallèlement la Commission soviétique dirigée par Belyaev a introduit le « Nouveau Concept » grâce auquel il ne peut plus y avoir de relogements massifs de populations mais que des relogements volontaires car on ne tient plus compte des doses passées. Les experts occidentaux et la catastrophe de Tchernobyl Amorcé en 1992 dans « Tchernobyl une catastrophe » [6] j’ai développé en 1997 le thème des « Responsabilités occidentales dans les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl en Biélorussie, Ukraine et Russie » au cours de réunions publiques et dans plusieurs publications [17] (qu’on peut trouver sur Internet y compris en anglais). J’ai tenté de montrer comment, dès août 1986, les experts occidentaux ont tout fait pour diminuer l’ampleur de la catastrophe notamment par la diminution de la dose collective et du bilan des cancers radioinduits mortels. Il est clair que les experts de l’OMS et en particulier le Pr. Pellerin ont joué un rôle primordial dans le processus de minimisation des conséquences sanitaires de la catastrophe lors de la controverse sur les « 35 rem en 70 ans » en décrédibilisant les scientifiques récalcitrants, en préconisant des doses plus élevées et en ramenant les effets sanitaires observés à des problèmes psychologiques soutenant ainsi les experts de Moscou et leur diagnostic de « radiophobie ». Ces problèmes psychologiques existent bien sûr, comme si la catastrophe et ses radiations n’y étaient pour rien, comme si, d’ailleurs, les rayonnements n’avaient aucun effet neurologique. Comme si la pollution industrielle chimique pouvait être séparée de celle des radioéléments réjetés par Tchernobyl. Comme si on connaissait tout sur les effets de la contamination interne chronique ajoutée à l’exposition externe. Il est assez curieux de voir qu’erreurs et omissions de PAREX s’insèrent parfaitement dans le processus de minimisation des conséquences de Tchernobyl. C’est donc pour régler le conflit entre les scientifiques biélorusses et les autorités de radioprotection soviétique que Gorbatchev demande à l’AIEA d’expertiser la gestion post-accidentelle soviétique qui conduira au « Projet International Tchernobyl » et qu’une commission dirigée par Belyaev est chargée d’élaborer un Nouveau Concept - PAREX induit une filiation entre le concept des « 35 rem (350 mSv) en 70 ans » de 1988 et le « Nouveau concept » de Belyaev de 1991. Belyaev a présenté son Nouveau Concept lors de la conférence internationale organisée à Paris du 15 au 17 avril 1991 par la Société Française d’Energie Nucléaire et son homologue Soviétique sur « Les accidents nucléaires et le futur de l’énergie. Leçons tirées de Tchernobyl ». Le terme anglais de « relocation » a été traduit dans la version en français de son intervention par « réimplantation ». Son concept est basé sur une dose annuelle de 1 mSv. Cette limite de 1 mSv est un niveau inférieur au-dessous duquel aucune contre-mesure n’est requise. Belyaev stipule qu’avec les contre-mesures qui ont déjà été prises et après les « réimplantations » qui doivent être réalisées en 1991 plus personne ne dépassera désormais le niveau supérieur de 5 mSv au-dessus duquel il faudrait déplacer les habitants. Des niveaux intermédiaires d’intervention peuvent être introduits entre 1 et 5 mSv/an à partir de 1991 et la limite supérieure de 5 mSv devra être diminuée graduellement les années suivantes. Pour Belyaev puisque la réimplantation ne peut éviter que les doses futures, les doses reçues précédemment ne doivent pas être prises en compte pour décider du relogement hors des zones contaminées. C’est la fin des programmes gouvernementaux de relogement massif, le relogement ne pourra se faire que sur la base du volontariat. Or ce n’est pas parce que des doses ont été reçues dans le passé qu’en ajouter de nouvelles, présentes et futures n’est pas encore plus nocif ! En ne tenant pas compte des doses reçues depuis le 26 avril 1986 dans le concept de vie sûre de 350 mSv en 70 ans PAREX fait apparaître le nouveau concept de Belyaev comme une amélioration puisqu’on passerait d’une dose annuelle de 5 mSv à 1 mSv, celle demandée par les contestataires [5] [6]. En réalité c’est un marché de dupes et du temps s’est écoulé avec les habitants vivant dans les zones contaminées. - PAREX et le Projet international Tchernobyl. En passant sous silence les arguments des scientifiques biélorusses basés sur la constatation d’une dégradation de l’état sanitaire de la population des zones contaminées, PAREX accrédite le bilan du Projet International Tchernobyl [6]. Pour le Projet International Tchernobyl dont le bilan d’expertise de la gestion soviétique est énoncé lors de la conférence internationale de l’AIEA à Vienne en mai 1991 « en ce qui concerne le long terme, les mesures de protection qui ont été prises ou planifiées, quoique bien intentionnées, ont dépassé ce qui aurait été strictement nécessaire du point de vue de la radioprotection ». Ainsi les contre-mesures de la gestion soviétique ont été excessives, il ne fallait pas tenir compte des doses passées cela a conduit à reloger un nombre d’habitants beaucoup trop élevé, les restrictions alimentaires auraient dû être moins importantes (les normes de contamination des aliments auraient dû être plus élevées !) Quant à la santé des populations elle n’est pas affectée par les radiations mais tout est dû au stress (stress dû à l’excès des précautions prises). Finalement, les critiques des scientifiques biélorusses avaient une portée considérable car elles mettaient l’accent sur la réalité observée sur le terrain, cette réalité qui a été niée par les experts -et qui continue à l’être. Dus au stress (le terme de radiophobie a dû être abandonné car trop rejeté par la population) tous ces symptômes inhabituels chez les enfants des zones contaminées ? Fatigue, saignements de nez, anémies, infections en tous genres, dysfonctionnements thyroïdiens, opacités du cristallin, malformations à la naissance, augmentation des anomalies chromosomiques, allergies, cancers et aussi leucémies d’après les témoignages de médecins. Les pédiatres des dispensaires locaux ont consigné les variations observées entre « l’avant » et « l’après » Tchernobyl. Les scientifiques biélorusses soulignaient l’hétérogénéité de la population avec l’existence de groupes à risque (enfants, vieillards, malades). Ils mettaient l’accent sur toutes les inconnues de cette situation complètement nouvelle, la succession dans le temps de deux étapes, celle due à l’irradiation externe du nuage et des dépôts au sol de la phase accidentelle avec sa pléthore de radioéléments à vie courte inhalés et ingérés, suivie ensuite, outre l’exposition externe, d’une contamination interne chronique par des éléments à vie longue Cs137, Sr90 mais aussi des transuraniens et des particules chaudes, le tout allié à des polluants chimiques. (Notre Pellerin a été formel il ne peut pas y avoir de synergie avec des polluants chimiques aux doses subies par la population. Son affirmation repose sur quelle base scientifique humaine ?) Ils signalaient l’augmentation de la radioactivité suite aux travaux des champs et aux feux de forêt par la re-suspension dans l’air des particules radioactives. L’aide qu’ils attendaient n’est pas venue, sauf à une occasion, à propos de l’épidémie de cancers de la thyroïde chez les enfants biélorusses. Le cancer de la thyroïde est un cancer rare chez l’enfant, moins fréquent que la leucémie. Son incidence, avant Tchernobyl était inférieure à 1 cas par an par million d’enfants de moins de 15 ans : avant Tchernobyl en dix ans, de 1976 à 1985, le Pr Demidchik avait opéré 7 enfants (une incidence de 0,3 par million) alors que pour la seule année 1989 il avait déjà opéré 7 enfants et 29 durant l’année 1990 ! C’est passé inaperçu des experts du Projet International Tchernobyl. En 1992 la revue Nature a publié conjointement la lettre de médecins biélorusses (V.S. Kazakov et al) et celle de médecins de l’OMS (K. Baverstock et al) qui avalisaient leurs données [18]. Tollé général pas seulement en France, aux USA davantage encore [19]. Le temps de latence était trop court, les doses trop faibles, l’augmentation observée était due au dépistage, à des régions carencées en iode stable etc. Vu l’acharnement des contradicteurs je suis persuadée que tout aurait pu être camouflé s’il n’y avait pas eu cette lettre de Baverstock et al publiée par Nature. Les cancers de la thyroïde chez les enfants ont été les bio-indicateurs de la contamination. Les dysfonctionnements thyroïdiens, autres que les cancers, ont été signalés bien avant la publication de Nature. Mais il n’y avait pas que la thyroïde, ce n’était pas les seuls effets observés ainsi que je l’ai indiqué précédemment. Cependant, comparer l’incidence des maladies avant et après Tchernobyl ne suffit pas aux épidémiologistes qui veulent avoir la dose reçue par les habitants dont ils analysent les maladies. Comme si les doses « reconstituées » après coup par des spécialistes n’avaient pas été tripatouillées. On a vu les doses efficaces engagées diminuer comme peau de chagrin au fil des années (on ne retrouve nulle part -et surtout pas dans le bilan du Forum Tchernobyl de 2005- celles des 800 000-1 million d’habitants dont parlaient Iline et ses collègues dans leur lettre à Gorbatchev) puis subitement les doses à la thyroïde ont augmenté quand les cancers de la thyroïde des enfants sont apparus... sinon il fallait sacrément l’augmenter le facteur de risque du cancer de la thyroïde (il a d’ailleurs été augmenté). J’ai terminé mon article sur les Responsabilités occidentales [17] par l’énoncé des recommandations de la CIPR en 1991 dans le cas d’un relogement définitif après un accident nucléaire. Le relogement est « justifié » si la dose efficace évitée par le relogement est de l’ordre de 1 sievert. C’est ce qu’a préconisé M. Pierre Pellerin en 1989 en Biélorussie. J’ai indiqué que les experts décident du relogement ou du maintien sur place selon les résultats des calculs d’optimisation coût/bénéfice. Ces calculs sont hyper-compliqués. En simplifiant, le coût c’est le prix du relogement (coût du transport lors du déplacement, du logement, des manques à gagner de production etc.) le bénéfice, c’est le prix du « détriment » sanitaire évité, par exemple un cancer mortel. Le détriment dépend bien sûr des facteurs de risque (combien de cancers par unité de dose collective exprimée en homme-sievert et on comprend tout de suite l’acharnement des pronucléaires pour que ce facteur de risque soit le plus faible possible). Les cancers évités ont un prix, ce que coûteraient les soins, tout va donc dépendre du coût attribué à l’homme-sievert car pour être relogé il faut que le bénéfice santé soit supérieur au coût du relogement. A partir de tous ces calculs du coût de l’homme-sievert on déduit le débit de dose optimisé mensuel au-dessus duquel on serait « relogé ». Jacques Lochard est un spécialiste du coût monétaire de l’homme-sievert. Cela revient à estimer le prix d’une vie...C’est ce que montrent les résultats des optimisations donnés dans la publication CIPR 63 de 1991 : Pour les pays développés riches l’homme-sievert vaut 100 000 dollars et le débit de dose « optimisé » est de 5 mSv/mois. Pour nos pays c’est 20 000 dollars et 10 mSv/mois. Pour les pays en voie de développement l’homme-sievert ne vaut plus que 3 000 dollars et la dose optimisée est de 15 mSv/mois. Je trouve cette approche indigne des valeurs humanistes qui devraient fonder une société dite « civilisée ». La radioprotection doit protéger la santé et le patrimoine génétique des humains. En cas d’accident nucléaire il n’y a pas que du rayonnement externe mais aussi contamination interne, chronique sur le long terme. Les effets biologiques de la contamination interne sont négligés, voire niés, qu’il s’agisse de ceux observés dans les premières années ou observés plus tard par l’équipe du Pr. Youri Bandajevsky. Chez les enfants, il a trouvé une corrélation entre l’activité spécifique en Cs137 (la concentration en Bq par kg de poids corporel) et la fréquence des anomalies cardiologiques, de même pour les opacités du cristallin (cataractes). La fréquence des anomalies augmente proportionnellement à l’activité spécifique. Il trouve que le Cs137 ne se répartit pas uniformément dans le corps mais se concentre dans certains organes et tissus. Il confirme ses résultats par expérimentation animale. Pour que la santé des enfants ne soit pas altérée sérieusement l’activité spécifique en Cs137 ne devrait pas dépasser 20 Bq/kg de poids corporel [20]. Tollé général chez les experts car les doses internes correspondant à la contamination sont bien trop faibles, selon eux, pour avoir un effet. Cependant il y a un problème, car les enfants sont malades. Après la tenue en 2005 du Forum Tchernobyl les 6-7 septembre 2005, j’écrivais : « La grande leçon de Tchernobyl sur les conséquences sanitaires est peut-être que la polarisation sur les cancers est l’arbre qui cache la forêt, d’autant qu’à la diminution d’espérance de vie dans les pays les plus contaminés de l’ex-Urss vont correspondre des cancers qui n’auront pas eu le temps de s’exprimer. C’est la révélation de l’augmentation relativement précoce de la morbidité qui est fondamentale. La contamination chronique par les radioéléments à vie longue tels le Césium 137 et le Strontium 90 a des effets différents de ceux observés après une irradiation unique externe [un flash de rayonnement à Hiroshima et Nagasaki], Les radiations affectent la santé des enfants par l’atteinte de tous les systèmes fonctionnels, elle change la fertilité, elle s’attaque au patrimoine génétique. Et pourtant elle correspond à des doses très faibles d’après les modèles élaborés par les experts internationaux, trop faibles a priori, pour avoir un effet disent-ils. Jamais la question n’est posée de savoir si ces modèles sont conformes à la réalité or ces effets existent objectivement même s’ils sont niés » [22]. Des effets radioinduits autres que les cancers ont été observés sur les survivants des bombes A, des problèmes cardiaques entre autres, mais pour des doses beaucoup plus élevées que les doses calculées à partir des modèles de la CIPR appliqués à la contamination interne des habitants des zones contaminées. Ces modèles mathématiques sont-ils valables pour des pathologies liées à la contamination interne ? Ils sont très réducteurs car ils sont basés sur l’absorption d’énergie par le corps humain que l’exposition soit externe ou interne. Par incorporation chronique du Cs137 la dose efficace est quasiment indépendante de l’âge au-dessus de 1 an pour une même activité spécifique. (Un même nombre de becquerels par kg de poids d’un enfant de 1 an ou d’un adulte conduit à la même dose. Cette dose a-t-elle des effets biologiques comparables chez l’enfant de 1 an et chez l’adulte ?) Ces modèles ne tiennent pas compte de la reconcentration possible du radioélément dans certains tissus, de la détérioration des membranes cellulaires, ni des perturbations apportées à toutes les fonctions de régulation pouvant entraîner des troubles de tous les systèmes et organes vitaux [20]. Cependant certaines « certitudes » sont remises en cause. Des études récentes publiées en 2006 par l’IRSN dans le cadre du programme ENVIRHOM montrent que la contamination interne a des effets inattendus, une complexité qui n’est guère explicable par les modèles de la CIPR. L’expérimentation animale a porté sur l’uranium et sur Cs137 [21]. Ce programme d’études se poursuit-il à l’IRSN ? La cataracte était considérée comme un effet déterministe, il semble bien que des études récentes contredisent ce dogme. Entre autres, l’OMS cite des modifications du cristallin chez les enfants et adolescents 5-17 ans résidant dans les zones contaminées proches de la zone évacuée [22]. Prendre en compte les pathologies observées au Belarus reviendrait à réviser les normes de radioprotection d’une façon spectaculaire. Une telle réduction est inadmissible pour nos experts en radioprotection, eux qui se sont opposés dans les années 90 à la diminution des limites de dose annuelles recommandées par la CIPR. Il n’est pas question qu’ils admettent par contamination interne des effets sur la santé autres que les cancers et surtout des effets à très faible dose alors que nos Académies des Sciences et de Médecine (dont ils sont membres influents) considèrent comme non valide aux faibles doses (inférieures à 100 mSv) la relation linéaire et sans seuil entre facteur de risque cancérogène et doses de rayonnement. Pour nos académiciens le risque de cancer est négligeable aux faibles doses. Il y aurait même un seuil vers 10 mSv en dessous duquel il n’y aurait plus du tout d’effet. La controverse franco-américaine sur ce sujet n’a guère eu d’écho [23]. Le Pr.Tubiana conteste l’étude des 15 cohortes des travailleurs du nucléaire qui montre un excès de morts par cancers pour une dose externe cumulée moyenne de 19,4 mSv [24] en invoquant le grand nombre de cancers du poumon et le rôle tabac-alcool. Ce rôle existe, mais je connais des travailleurs morts par cancer du poumon au Centre d’études nucléaires de Saclay qui ne fumaient pas et qui ne buvaient pas. En définitive le Pr Tubiana estime qu’on a déplacé 200 000 personnes de trop après Tchernobyl... [25]. Encore heureux que la centrale de Tchernobyl ait été située près de Pripyat et n’ait pas été construite tout près de la grande ville de Kiev comme le suggérait le groupe d’études OMS auquel M. Tubiana a participé en 1957 consacré aux « Questions de santé mentale que pose l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques » car construire les centrales loin des villes pourrait augmenter l’anxiété du public [26]. Avec son Forum Tchernobyl de septembre 2005 [22], l’AIEA persiste et signe avec tous les organismes internationaux OMS, PNUD etc. « L’ONU revoit à la baisse le bilan de Tchernobyl ». Tchernobyl ce n’est vraiment pas un accident grave, c’est 4 000 morts. Et en plus le Forum censure quasiment le rapport OMS qui n’était pourtant pas très « révolutionnaire ». Ce qui est demandé aux habitants des zones contaminées c’est de « Vivre et travailler au pays...contaminé » « Quand on examine les interventions des experts occidentaux dans la gestion des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, on voit clairement qu’ils ont apporté un soutien sans réserve au pouvoir central soviétique et à ses experts scientifiques au détriment de la santé de la population. Cette action de nos experts n’a guère soulevé de critiques ni dans la communauté scientifique, ni dans les corps intermédiaires (corps médical, syndicats, associations) ni dans les médias. Notre responsabilité dans les conséquences sanitaires de l’accident de Tchernobyl est donc entière. De plus l’action de nos experts a permis d’introduire, à partir de l’expérience de Tchernobyl, des critères strictement économiques pour la gestion des crises futures qui seront redoutables pour les accidents nucléaires dont on ne peut pas exclure la possibilité chez nous » [17]. Avril 2008. Références et notes [1] Les rejets massifs ont duré 10 jours à Tchernobyl. Ce qu’on sait moins c’est qu’il y a eu des rejets sporadiques pendant tout le mois de mai (Pravda, 20 mars 1989, article du responsable de l’hydrométéorologie d’URSS Yuri Izrael. L’histogramme des rejets figure sur le site Internet de l’ Institut IBRAE, Russie). [2] GT1 « Levée des actions d’urgence de protection des populations et réduction de la contamination en milieu bâti » Version du 20 novembre 2007, 89 pages. Piloté par l’ASN. GT2 « Vie dans les territoires ruraux contaminés ». Version de décembre 2007, 61 pages. Piloté par DGAL/CGAEER. GT3 « Evaluation des conséquences radiologiques et dosimétriques en situation post-accidentelle ». 2 décembre 2007, 72 pages. Piloté par l’IRSN. GT4 « Réponse aux enjeux sanitaires après un accident radiologique », 5 novembre 2007, 52 pages. Piloté parl’InVS. GT5 « Indemnisation », 15 septembre 2007, 37 pages. Piloté par la DGEMP. GT6 « Gestion des déchets, produits contaminés et terres contaminées », version du 16 novembre2007, 50 pages. Piloté par l’ASN. GT7 « Organisation des pouvoirs publics et implication des « parties prenantes ». Piloté par le SGDN. GT « Eau » : Impact et de la gestion et de la resource en eau. Piloté par l’ASN. (Pas de rapport d’étape ni synthèse). GT « Hypothèses » : choix des hypothèses retenues pour les évaluations des conséquences radiologiques et dosimétriques. Piloté par l’ASN. (Pas de rapport ni de synthèse) Ces 2 derniers GT ont été constitués plus tardivement. [3] Gazette Nucléaire 96/97 juillet 1989 « Tchernobyl trois ans après » p.3-29 [Un grand nombre de Gazette ont été numérisées par Yves Renaud, il suffit de connaître l’année et le numéro. Exemple http://resosol.org/Gazette/1989/96_97.html Ce dossier « Tchernobyl trois ans après » a été remis en mains propres à Jean-Paul Dufour journaliste au Monde (venu nous demander des renseignements sur l’accident de Kychtym). Son article du 9 août 1989 « Tchernobyl l’incurable » fait la part belle à Pierre Pellerin ! A signaler que la Gazette Nucléaire était à l’époque exposée, entre autres, dans la bibliothèque du Département de Protection Sanitaire du CEA (Fontenay aux Roses). Au sujet des évacuations les données chiffrées figurant sous les cartes publiées dans Sovietskaya Biéloroussia du 9 février (4 400 habitants évacués début mai de la zone « fermée » devenue « Réserve écologique d’Etat de Polésie » et 18 700 évacués tardivement en juin-août d’une zone transférée à la Réserve écologique) diffèrent de celles données dans le même journal. [4] Gazette Nucléaire 100, mars 1990. Gestion post-Tchernobyl en URSS, Nouvelles d’Ukraine et de Biélorussie : 1) Les critères d’évacuation 35 rem en 70 ans 2) Les plans d’évacuation en Biélorussie 1990-1995. 3) Un point sur la situation radiologique p.12-18 et « Zones sous contrôle spécial », interview de P. Pellerin au journal Kiev-Soir, 19 juin 1989, commentaires de Roger Belbéoch p. 24-28. [5] Gazette Nucléaire 109/110 juin 1991 « 1986-1991 ; TCHERNOBYL ENCORE » p.3-25 La situation radiologique (Contamination par Cs137 nombre d’habitants dans les trois républiques. Contamination par Sr90. Les particules chaudes). Les problèmes sanitaires (la morbidité Ukraine et Biélorussie. Les liquidateurs). La lettre des 92 spécialistes soviétiques. Le « Nouveau Concept » des autorités soviétiques. (Vers la « normalisation » dans les zones contaminées). La situation en fédération de Russie. Nouvelles d’Ukraine. Nouvelles de Biélorussie. Protection des enfants et Cs137. Problèmes et Questions. L’enseignement de Tchernobyl en France. Les experts internationaux. L’effet bénéfique du Cs radioactif. Brèves. Bibliographie. (J’ai eu copie de la lettre à Gorbatchev des 92 en avril 1990). [6] Bella et Roger Belbéoch « Tchernobyl une catastrophe. Quelques éléments pour un bilan » Ed. Allia, Paris 1993 ; Tokyo 1994. Epuisé mais disponible sur Internet. www.dissident-media.org/info... L’ouvrage comporte deux parties. La 1ère jusqu’en 1991 a été publiée dans la revue L’INTRANQUILLE 1-1992 (BP n°75, 76960 Notre Dame de Bondeville). La deuxième est une mise à jour en 1993. Les notes sont très importantes. [7] Annexe 7 (page 64) du rapport soviétique à la conférence de l’AIEA, Vienne 25-29 août 1986. « USSR State Committee on the Utilization of Atomic Energy. The accident at the Chernobyl nuclear plant and its consequences, Information compiled for the IAEA Experts’ meeting, 25-29 august 1986, Vienna. Annex 7 Medical-biological problems. Nous avons eu le rapport complet (370 pages) dès l’automne 1986. [8] Gilles Hériard-Dubreuil et Henry Ollagnon De la gestion de l’accident à la réhabilitation des conditions de vie. Les silences de Tchernobyl. L’avenir contaminé, Dirigé par Guillaume Grandazzi et Frédéric Lemarchand, Ed. Autrement-Collection Mutations n°230 (2004), p. 57-77. [9] CEPN, Report 225. Historical Perspective of the Countermeasures taken following the Chernobyl accident. (Ce rapport comporte deux tomes. Le premier concerne les perspectives historiques et les réglementations prises après l’accident de Tchernobyl.) Belyaev a écrit 2 articles. Page 91 on lit que « 4 éminents spécialistes dans le champ de la radiologie médicale ont visité Moscou, l’Ukraine et la Biélorussie en août 1989, qu’ils ont rencontré des scientifiques, des spécialistes, des médecins, des députés et des habitants des régions contaminées. Ce faisant ils ont renforcé et affirmé leur conviction qu’il n’y avait pas d’objections au Concept de 35 rem dans l’état actuel de la science et que le critère de 35 rem pour le relogement était plutôt trop bas ». Il est curieux que Belyaev indique à la page d’avant que des visites d’experts de l’OMS et de la Croix-Rouge ont été organisées mais sans les dates de visite... [10] Voir l’exposé de R.B. Berry de la CIPR publié dans le livre des actes du colloque Radiation and Health, p. 122, Ed. Robin Russell Jones and Richard Southwood, Wiley 1987). [11] Par exemple lors de la séance avec les experts OMS, intervention de E. Konoplya « Cette dose de 35 rem en 70 ans dans quelle mesure comprend-elle l’action combinée sur l’organisme humain de certains facteurs secondaires tels que les pesticides, les nitrates et autres éléments chimiques ? Comment calculer l’influence de l’iode qui, bien qu’il ne soit plus présent à cause de sa période physique, se manifeste sur la thyroïde ? Est-ce que toutes les catégories de la population sont envisagées dans ce concept ? Dans la République il y a des malades (...). Dernièrement la situation radiologique ne s’est pas améliorée sensiblement. Dans ce concept en plus du Cs137, le Sr 90 est-il compté, le plutonium et les particules chaudes ? (...) » ou l’intervention du cytogénéticien N. A. Kartel qui précise que les études cytogénétiques chez les rongeurs de Braguine et de Khoïniki (proches de la zone des 30 km) montrent une augmentation de la fréquence des aberrations chromosomiques par rapport à des rongeurs d’un bois protégé près de Minsk. Idem pour les veaux de Krasnopol par rapport à la région de Minsk. Intervention de Denicevitch sur la santé d’un groupe de mécaniciens de la région de Narovlia comparée à celle d’un groupe de Minsk etc. [12] CEPN Report 225 M. Savkin, History of zoning processes after the accident at the Chernobyl nuclear power plant p.170. [13] Wladimir Tchertkoff, LE CRIME DE TCHERNOBYL. Le goulag nucléaire Ed. Actes Sud, 2006. Le livre analyse en détail « l’aide inefficace » du programme CORE (précédé du programme ETHOS). L’aide n’est pas basée sur la protection sanitaire des habitants. [14] Enfants de Tchernobyl Belarus, 20 rue Principale, 68480 Biederthal. http://enfantsdetchernobylbelarus.d... Sur ce site, Choix des textes et traduction de Wladimir Tchertkoff, Collaboration de Lisa Mouravieff « TCHERNOBYL Conséquences de la Catastrophe pour l’homme et la nature » A.V. Yablokov, V.B. Nesterenko, A.V. Nesterenko. Préface de Dimitro Grodzinsky. (Saint-Petersbourg, Naouka, 2007). [15] L’exemple de Windscale, un accident mineur comparé à Tchernobyl, le 10 octobre 1957 sur le réacteur militaire plutonigène de Windscale de 200 MWthermiques, incendie de graphite avec rejets d’iode 131 (et de Polonium 210, fait occulté pendant des années) où le lait a dû être interdit dans une zone « 2 millions de litres de lait (15 000 Bq/l) en Iode 131 ont été rejetés en mer d’Irlande ». (Les jeux de l’atome et du hasard, Jean-Pierre Pharabod et Jean-Paul Schapira, Calmann-Lévy 1988). D’après le Rapport de mission à Risley en 1958 de trois ingénieurs du CEA (CP/58-209/HH/MLL, H. Héring, A.Herpin, M. Pascal) un des dirigeants de Windscale, M. Hampton, a souligné l’erreur commise en interdisant d’abord, très vite après l’accident une zone relativement réduite, qu’il a fallu agrandir peu après : il voit là la raison profonde de l’inquiétude populaire, à l’idée que les spécialistes changeaient d’avis sur la nature du danger. Selon lui : « Nécessité de disposer d’un service de presse local très bien charpenté, intérêt de donner une très large publicité (radio, télévision...) à tout ce qui touche la protection, soin à apporter à la définition de la zone interdite dès le début (qui doit être la zone maximum en toute hypothèse), mise en place de comités locaux de liaison ». En somme c’est la stratégie PAREX/CODIRPA avec les « parties prenantes », les CLI autour des installations nucléaires et on ajoute des associations pour les « mouiller » et faire plus crédible. Il n’est pas question pour les citoyens d’intervenir « à l’amont » sur la nécessité du nucléaire ou son arrêt ! On nous demande de gérer les conséquences du nucléaire... [16] sous la signature d’Amélie Bénassy (Dr Martine Deguillaume) de retour de mission Le Généraliste, N° 1176, mardi 29 mai 1990. Chez les enfants outre les pathologies thyroïdiennes, des cas de leucémie, une forte augmentation des pathologies infectieuses par rapport à 1986. A Vietka angines multipliées par un facteur 2 en 1989, ORL par 3,4 ; les pneumopathies par 3,5. Martine Deguillaume « Tchernobyl, noire transcendance » L’INTRANQUILLE 1-1992 p. 225-263 [17] « Responsabilités occidentales dans les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl, en Biélorussie, Ukraine et Russie ». Ce texte a été préparé pour les Actes de la 2ème conférence scientifique internationale sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl « Santé et information, des incertitudes aux interventions dans les régions contaminées de Tchernobyl » organisée par le CUEH Centre universitaire d’écologie humaine et des sciences de l’environnement, Genève, 13-14 Nov. 1997 sous le titre « Western responsibility regarding the health consequences of the Chernobyl catastrophe in Belarus, the Ukraine and Russia ». (Actes publiés en 1999 dans les Cahiers N°2, p. 185-196). http://www.dissident-media.org/infonucleaire/western_responsability.html En français des versions avec de très légères variantes publiées en 1998 : - Gazette Nucléaire 163/164, janvier 1998 p.14-19 - Radioprotection et Droit nucléaire, sous la direction de Ivo Rens et Joel Jakubec, collection SEBES Stratégies énergétiques, Biosphère & Société, Editions Georg, Genève, 1998 (traduction du texte anglais) p. 247-261. http://www.unige.ch/sebes/textes/19... (Numérisé par Yves Renaud. - Chroniques de la Biélorussie contemporaine, sous la direction de Alexandra Goujon, Jean-Charles Lallemand et Virginie Symaniec, L’Harmattan, 2001, p. 279-306. [18] Nature, 3 sept 1992, vol. 359, p.21-22. Scientific Correspondence V.S. Kazakov et al ; K. Baverstock et al, Thyroid cancer after Chernobyl. Gazette Nucléaire 119/120, août 1992 p.6-9. « Tchernobyl une catastrophe » p.176-178. [19] Keith Baverstock, communication personnelle. [20] J’ai analysé les effets de la contamination chronique et les travaux de Youri Bandajevsky dans le dossier intitulé « Liberté pour Youri Bandazhevsky » et dans son annexe « Irradiation et pathologies radioinduites », dossier envoyé aux autorités de Minsk via l’Ambassadeur du Belarus à Paris. (Gazette Nucléaire 197/198, mai 2002). [21] Certains résultats du programme ENVIRHOM de l’IRSN publiés dans Toxicology montrent des effets inattendus de contamination interne chronique par Cs137 sur les rats. Par exemple une modification du cycle sommeil-veille qui pourrait être due à une accumulation dans la région du « brain stem » (Lestaevel P. et al Toxicology, 2006 september 21 ; 226(2-3):118-25). Les auteurs concluaient que les effets neuro-cognitifs de Cs137 doivent être approfondis et qu’on doit prendre en compte les désordres du système nerveux central des habitants des zones contaminées. Tissandie E. et al montrent la modification du métabolisme de la vitamine D3 influant sur sa concentration dans le foie et le cerveau chez les rats Toxicology 225 (2006) 75-80. [22] « Du déni des conséquences de Tchernobyl au prix Nobel de la paix : l’irrésistible ascension de l’AIEA » suivi du dossier « Quelques remarques sur le communiqué de presse et le rapport des experts de l’OMS » Lettre d’information du comité Stop Nogent-sur-Seine n°108, octobre-décembre 2005. www.dissident-media.org/stop... [23] Bulletin épidémiologique hebdomadaire, BEH numéro15-16, 2006. C’est un numéro thématique consacré à l’exposition aux radiations ionisantes d’origine médicale. Outre trois articles consacrés à ce thème on trouve, sous le titre « Controverse : les faibles doses de radiations ionisantes sont-elles carcinogéniques ? » deux articles à points de vue opposés : - « Point de vue d’experts de l’Académie française de médecine et de l’Académie des sciences » par Maurice Tubiana, André Aurengo, Dietrich Averbeck - « Point de vue d’experts de l’Université Columbia, New-York, et de l’Université de Californie, Berkeley » par David J. Brenner et Rainer K. Sachs (traduit par Jean Donadieu Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice). Et dans Radiation and Environmental Biophysics, March 2006) vol. 44. CONTROVERSIAL ISSUE - M. Tubiana, A. Aurengo, D. Averbeck, R. Masse « Recent report on the effect of low doses of ionizing radiation and its dose-effect relationship » p. 245-251. - David j. Brenner, Rainer K. Sachs « Estimating radiation-induced cancer risk at very low doses : rationale for using a linear no-threshold approach » p. 253-256. [24] Cardis E. et al, Risk of cancer after low doses of ionising radiation : retrospective cohort study in 15 countries. British Medical Journal 2005, 331:77 BMJ, doi : 10.1136/bmj.38499.599861.E0 (published 29 June 2005). [25] Maurice Tubiana « Le débat autour des faibles doses », Environnement, Risques & Santé. Janvier-février 2007, volume 6, numéro 1,59-67. [26] Roger Belbéoch, Tchernoblues. De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude, Ed. L’ESPRIT FRAPPEUR, Paris 2002, p. 13. *****************************https://www.youtube.com/watch?v=STE5Tq3lHXI Bella Belbeoch-Michèle Rivasi-silence radio (extraits)-MPEG-1 .mpg Nonukatall Pudunuk Mise en ligne le 14 juin 2011 Combien d'temps!!! ...pour (ne pas) sortir du nucléaire extrait de "Silence Radio" de Christian Ugolini-2002 ******************http://jne-asso.org/blogjne/2016/11/16/hommage-a-bella-belbeoch-noble-figure-de-la-lutte-antinucleaire/ Hommage à Bella Belbéoch, noble figure de la lutte antinucléaire Publié le 16 novembre 2016 Les JNE saluent la mémoire de Bella Belbéoch, pionnière de l’information indépendante sur l’énergie nucléaire, décédée le 24 septembre dernier.. par Laurent Samuel . Bella Belbéoch, pionnière de la lutte antinucléaire Avec son mari Roger, mort fin 2011, Bella Belbéoch avait été pendant une trentaine d’années l’un des piliers du GSIEN (Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire). Après avoir quitté cette ONG en 2004, Bella et Roger, tous deux physiciens nucléaires, avaient continué inlassablement à diffuser les informations sur l’atome dit « pacifique », en particulier sur les conséquences sanitaires de Tchernobyl. Comme le rappelle Jean-Claude Zerbib, autre « vétéran » des combats contre le nucléaire, dans un beau texte mis en ligne sur le site de Reporterre, Bella Belbéoch fut l’une de toutes premières, dès le 1er mai 1986 dans les colonnes du magazine Ecologie de Jean-Luc Burgunder, à tirer la sonnette d’alarme sur l’ampleur de la catastrophe de Tchernobyl. Ces dernières années, Roger et Bella Belbéoch avaient beaucoup travaillé sur les malfaçons des cuves et générateurs de vapeur des réacteurs nucléaires français. Leur lutte contre le mur du silence qui a longtemps régné sur ce sujet a contribué à ce que cette question soit aujourd’hui enfin débattue sur la place publique. Passionnée, parfois intransigeante, Bella Belbéoch était un personnage hors du commun. Même si la plupart d’entre eux ne l’ont pas connue, tous les journalistes qui nous informent aujourd’hui (avec une liberté impensable il y a 40 ans) sur les impasses du nucléaire lui doivent doivent une fière chandelle ! Avec retard, les JNE adressent leurs condoléances à sa famille et à ses proches. .*****************************http://netoyens.info/index.php/contrib/21/05/2008/Operation-CODIRPA-par-Bella-Belbeoch?navlang=de Opération CODIRPA - par Bella Belbéoch Posted am Mittwoch 21 Mai 2008, La possibilité d’un accident nucléaire grave en France dont près de 80% de l’électricité est produite par 58 réacteurs à eau pressurisée (PWR) n’est pas une lubie des antinucléaires, les officiels l’admettent depuis longtemps même si ce n’est guère répercuté par les médias. Des scénarios de gestion existent depuis quelques années pour la phase d’urgence (confinement, prise d’iode stable, évacuation) avec constitution de stocks d’iode stable et exercices de crise dans les localités proches des réacteurs. Ce qui est nouveau c’est la mise en oeuvre de l’élaboration concrète, pour des territoires dont le sol serait durablement contaminé après la fin des rejets radioactifs, d’une stratégie de gestion post-accidentelle y compris à long terme. Il est nouveau d’envisager en France que si la contamination d’une zone est importante elle peut nécessiter le relogement temporaire, voire définitif, des habitants. On a désormais des informations sur l’avancement de ce programme de gestion post-accidentelle, dit CODIRPA, et l’esquisse de la doctrine qui le sous-tend. Lire la suite : Opération CODIRPA (Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’une situation d’urgence radiologique) [pdf] http://netoyens.info/public/pdf/Operation_CODIRPA.pdf **************************http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article7986 Les écologistes contre la sortie du nucléaire samedi 15 septembre 2007, par BELBEOCH Bella, BELBEOCH Roger La réunion « pré-Grenelle » des ONG écologistes du mois de mai 2007 avec Juppé et Sarkozy a été révélatrice de ce qui parasite le mouvement antinucléaire depuis le début, dès les années 70 : pour les écologistes l’arrêt du nucléaire n’est pas une priorité, ce qui sous-tend que dans leur analyse la catastrophe nucléaire n’est pas un mobile prioritaire d’action. Il est clair que si cela avait été le cas les représentants des associations les plus prestigieuses comme Greenpeace, les Amis de la Terre, WWF et autres, auraient dû exiger la présence d’un représentant du « Réseau Sortir du nucléaire », pour qu’au moins le cas de l’abandon de l’EPR, cheval de bataille des dernières manifestations, soit un peu plus que simplement évoqué. Non seulement rien n’a été exigé par les présents, trop heureux d’avoir été choisis pour faire partie de ceux qu’on invite à « la cour des grands » dans une ambiance « franche et cordiale » (selon Greenpeace, Libération du 22 mai 2007), mais de plus, lorsqu’à une question sur l’EPR Sarkozy a répondu « Le gouvernement précédent a signé un décret lançant sa construction, je ne reviendrai pas dessus » il ne semble pas y avoir eu de protestation solennelle, personne n’a quitté la salle… Il résulte de cet entretien « historique » -qualificatif utilisé par l’un de ces prétendants officiels à la communication- qu’on est bien parti pour le développement durable du nucléaire et l’on ne voit pas comment le Grenelle de l’environnement prévu cet automne pourrait donner lieu à une véritable négociation alors que les jeux sont faits. Il n’y a pas que l’EPR, le génie civil de l’usine d’enrichissement Georges Besse II qui doit remplacer Eurodif a dépassé désormais le stade du démarrage de la construction. [1] Si la France s’embarque dans une nouvelle usine d’enrichissement d’uranium c’est bien pour continuer le nucléaire, pas pour l’arrêter. Ainsi le Grenelle de l’environnement risque fort de n’être qu’un marchandage pour que le « non abandon » de l’EPR donne lieu à des compensations « par des décisions plus fortes sur les énergies renouvelables » dit le journaliste de Libération citant à ce propos le responsable de WWF-France : « S’il [Sarkozy] ne bouge pas sur l’EPR, qu’au moins il bouge sur la transparence, sur l’ouverture du débat, sur les économies d’énergies… Qu’il décide qu’un euro investi dans le nucléaire entraînera l’injection d’un euro dans les renouvelables ». Quelle transparence et quel débat bla-bla si les décisions sont déjà prises ? 1 euro pour toi et 1 euro pour moi, c’est tout ce que le nucléaire représente pour ce responsable écologiste ? Cela revient à ne même pas envisager l’arrêt du nucléaire à long terme, c’est accepter la catastrophe nucléaire comme étant écologique ! Finalement, tant mieux si dans cette comédie, Stéphane Lhomme, représentant du Réseau Sortir du nucléaire, n’a pas joué au collabo, il devrait en être fier. Bien sûr, et heureusement, il y a des écologistes qui sont vraiment antinucléaires et on espère qu’ils vont ruer dans les brancards pour exiger des explications de la part de leurs représentants associatifs et un changement de leur stratégie. Mais tout cela n’est pas nouveau. Le problème de l’indépendance du mouvement antinucléaire par rapport aux divers mouvements écologistes et aux partis a toujours été enseveli sous des considérations du genre : « il faut ratisser large », ce qui nécessite des alliances avec pour conséquence qu’on se fait ratisser, l’urgence de la sortie devient secondaire. Enseveli aussi sous les stratégies électoralistes démarrées dès 1974 avec la candidature présidentielle de René Dumont. C’est dès les années 70 que s’est posée la question : devait-on avoir un mouvement antinucléaire indépendant des positions politiques des différents partis et des syndicats (c’était notre position) ou bien être une force d’appoint pour appuyer les éléments minoritaires antinucléaires du PS et de la CFDT ? C’était la position des Amis de la Terre et d’autres associations comme le CRILAN et c’est cette stratégie qui a prévalu. La totalité des partis et des syndicats étant majoritairement pronucléaires elle impliquait des compromis incohérents pour faire des alliances à des fins électorales. C’est ainsi que le PSU (Parti socialiste unifié) qui était foncièrement antinucléaire avec son mot d’ordre « Société nucléaire, société policière » a finalement accepté que sa représentante Huguette Bouchardeau soit ministre de l’environnement sous le gouvernement socialiste de Mitterrand et a entériné la continuation de l’électronucléarisation massive de la France. Puis les Verts se sont créés, avec toujours ce jeu perdant des alliances nécessaires, pour avoir un strapontin ou l’illusion d’un ministère de l’environnement. Tant que la population n’aura pas réalisé que Tchernobyl n’est pas un accident soviétique mais qu’un accident nucléaire majeur est possible chez nous dont les conséquences sanitaires seraient réellement catastrophiques, on restera embourbé dans le nucléaire… jusqu’à ce que l’accident finisse par arriver. Ce n’est pas suffisant de prendre conscience des dangers de l’accident si l’on ne montre pas à la population qu’il existe des solutions de mise à l’arrêt rapide des réacteurs nucléaires par l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, fioul et gaz) pour produire l’électricité. Si une production électrique à partir du gaz naturel se développait rapidement en France par turbines à cycles combinés ce serait un plus. Avec charbon, gaz et fioul, l’hydraulique, l’arrêt des exportations, l’arrêt de l’autoconsommation nucléaire, on peut supprimer une part importante du nucléaire français. [2] Compte tenu de la faible proportion que représente l’énergie nucléaire par rapport à l’énergie primaire consommée mondiale, cette utilisation de combustibles fossiles n’aurait qu’un impact négligeable sur l’effet de serre planétaire. Bien évidemment cela n’empêche pas de faire des économies d’énergie électrique (par exemple supprimer le chauffage électrique dans tous les édifices publics). Rappelons qu’au sujet du charbon « propre » on oublie trop facilement qu’Alstom a vendu à la Chine des chaudières à lit fluidisé circulant (LFC) et aussi leur technologie alors que le projet français d’un 600 MWe à Gardanne ne s’est pas concrétisé, dans l’indifférence générale. [3] Alstom va construire en Pologne une centrale charbon propre avec chaudière supercritique. Cette technologie des centrales supercritiques à charbon est, selon les termes utilisés dans un dossier de presse EDF de juin 2007, « l’axe fort de recherche et développement », mais c’est en Allemagne qu’EDF a investi via sa filiale EnBW. EDF a réalisé des cycles combinés à gaz au Vietnam, au Mexique, au Brésil. En Espagne chaudière avec gazéification du charbon intégrée à un cycle combiné etc. Pendant tout ce temps EDF n’a fait aucun investissement en France pour moderniser son parc thermique classique et en a démantelé une partie, [4] là encore dans l’indifférence générale… P.-S. * Extrait de la lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°115, octobre/novembre 2007. http://www.dissident-media.org/stop_nogent/Lettre_CSN_115.pdf Les lettres d’information du Comité sont presque toutes disponibles sur le site : http://www.dissident-media.org/stop_nogent Notes [1] http://www.dissident-media.org/infonucleaire/trav_george_besse.html [2] http://www.dissident-media.org/infonucleaire/sup_sort.pdf [3] http://www.dissident-media.org/infonucleaire/105_sortir.html [4] http://www.dissident-media.org/stop_nogent/99_100_thermique.html